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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, octobre 26, 2012

Un jeudi entre liens fragiles


pris la pile de publicités humides sur le pas de la porte pour les porter aux remparts.

Un ciel d'opale, une brume qui nous venait du Rhône, comme un salut de l'autre rive, de la rencontre prévue à la Chartreuse.

Et moi, en route pour nourritures et pharmacie, avec mon insolente santé, et même ce poids record.


Et moi, avec cette soirée à venir et avec, prégnante, la présence du clown qui a mis en tête de son semenoir, «Clown» ce poème de Michaux
«Un jour.

Un jour, bientôt peut-être.

Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.

Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien, je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche...»
cheminé, échangé avec commerçants, plaisanté, un peu, pensé à la relecture dans la nuit, avec nouveau regard, de tant de bribes du semenoir
oui semenoir
_mot à rêverie
_mot à tiroirs
......
_et presque la moire, apprêt que reçoivent, à la calandre ou au cylindre, par l'écrasement de leur grain, certaines étoffes de soie, de laine, de coton ou de lin, et qui leur communique un éclat changeant, une apparence ondée et chatoyante.


_ah s'imaginer "ondée et chatoyante" par écrasement_oui quand j'aurai l'impression que certaines choses de la vie m'écrasent un peu et bien j'en appellerai à cette "moire" et c'est le chatoiement et l'ondoiement qui s'assiéra sur mes genoux
et les herbes, les poèmes, les jeux-hommages avec les mots des autres, les chats roux et toutes les baleines, et puis les jardins et... le petit chant à cueillir.

Suis rentrée, ai salué les dernières grappes mauves en face de ma porte, que je lui dédie à elle, puisqu'en rentrant, en enregistrant ces trois photos du jour, ai appris que la fin était venue, douce, de la lutte de Maryse, qui nous était poésie, attention, invention et tant, et dont les mots sont ici en italique, venant de ce bel endroit que vous invite à visiter http://semenoir.typepad.fr – (et puis elle m'a fait l'amitié d'une visite pour les vases communicants avec antre lumière d'encre http://brigetoun.blogspot.fr/2012/06/antre-lumiere-dencre.html et vous conseille le beau texte qu'elle a écrit pour un spectacle Abyssal Cabaret http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505315/abyssal-cabaret)
Fait des petites incursions pour un très insuffisant florilège, cueillir ces mots qui disaient si intensément et discrètement le goût de la vie, cette saveur simple et forte qui s'impose aux rescapés, que Brigetoun devrait moins oublier..
comme dans les mesmoires : les sandales nu-pieds bride arrière, pointure 39, plates, cuir doux, blanc, souple, recouvrant le dessus du pied, laissant paraître doigts de pied ; elles marchent amoureuse, ; magnifiques marcheuses d'été ; marcheuses voyages ; peut-être jusqu'aux caraïbes, île st vincent ; coucher de soleil sur atlantique, cocotiers, vous traverserez le bois de cocotier les mains sur la tête en cas de chute de noix ; perroquets somptueux vert pomme et rouge ; frangipaniers et leur parfum amande et vanille ; cocktails rhum noix de muscade râpée canne à sucre rondelle citron vert

la vie ça éparpille des fois
ça chélidoine et copeaux
ça bleuit ça noisette
(et là j'ai chipé une photo)
comme un jardin qu'un discipline
les rosiers étouffent sous les herbes hautes le chiendent les ronces la berce les verges d'or
le bureau de la maison étouffe dans l'ombre
les géraniums étouffent sous les millepertuis
les sauges étouffent sous le chiendent les ronces la berce les verges d'or
les pivoines étouffent sous le millepertuis les verges d'or la berce_essayez de préserver les asclépiades
et cet autre pour accueillir ce qu'on ne peut jeter
au jardin la vie des linges et vêtements dépouilles des êtres aimés entame un autre cycle de vie une autre histoire avec les herbes
serai un jour dépouille offerte à la métamorphose presque une herbe libre au vent
et puis, bien entendu toutes les baleines paysages, comme la baleine échouée à l'approche du 15 août
7:03 soleil pose bagues lumière sur branches tilleul / qui cuicuite est-ce troglodyte / tache claire du saule pleureur au fond derrière tilleul / épaule éblouissante en tache dorée sur le mur de la pièce / avion vroum / entrée de chat roux après sa nuit au jardin / mésange zinzinule charbonnière /grand nettoyage du carré des rosiers presque achevé / la lumière se déploie 7:57/ caresses au chat roux / mésange à tête noire et mésange charbonnière au balcon nourricier / la lumière chante dans le poème / on voit quelques mûres surgir des buis / quelqu'un a coupé deux branches du magnolia / les sauges et leurs petites fleurs rouges à parfum camphré / l'odeur des cistes / la porte mangée la-bas vers les noisetiers / avion vroum
Et j'arrête là mon pillage, fait au hasard de mon cheminement, parce que finalement la raison et la gêne me viennent. Juste ma pauvre contribution, sais pas faire autrement, aux beaux accompagnements sur les blogs amis.

Et, par fort intérêt, pour l'amitié, pour faire suite à un bel après-midi http://brigetoun.blogspot.fr/2012/03/brigetoun-de-la-chance.html, ai traversé le Rhône vers la chartreuse de Villeneuve,

dans la nuit, pour la fin de la résidence de Cécile Portier (inter) faces, partie de Etant donnée, http://petiteracine.net/wordpress/2012/10/rythme-et-couleur-de-temps-residence-a-la-chartreuse/ retrouvant les co-intervenants Juliette Mézenc qui joue le personnage http://motmaquis.net, et Stéphane Gantelet http://s.gantelet.over-blog.com/ (mais en évitant - tournant en rond et trouvant à faire, à cause de ma sacrée timidité et parce que n'avais pas tête à ça - d'aller, plus tôt, à d'autres lectures et au pot qui les suivait, sauf à la fin)

arrivée, recherche du salon de thé où avait lieu le pot - tombée dans les bras de Juliette puis Cécile, échanges et tristesse partagée, errance dans les têtes connues et inconnues qui étaient ensemble depuis plusieurs heures, pendant que le trio préparait la salle, et puis la belle lecture d'un fragment de ce projet passionnant (dédiée, en quelques mots discrets, à Maryse Hache)

Vous laisse lire la présentation de cette lecture chez Cécile. Reprends, pour vous allécher, le petit texte d'accompagnement
««Face à moi, se présente une instance pleine de sollicitude. Je la connais déjà. 
Très souvent elle est là, face à moi. Tous les jours. Son apparente simplicité me désarme et m’appelle.»
Une femme passe, quelque chose d’elle est capté. Son image, son attention, sa présence. Qu’elle soit face à un dispositif de consultation ou de surveillance, elle se mire dans les écrans, dialogue avec eux, comme s’ils étaient miroirs d’elle-même et du monde, capables de tout restituer, de tout redéfinir.
Inter(faces) constitue un des moments de la fiction Etant donnée.
Etant donnée une femme. Vous la retrouvez nue et inconsciente dans un terrain vague. Elle se réveille, amnésique.
Vous aurez la tentation, le devoir, de la rhabiller entièrement en recousant pour elle le manteau de données collectées sur ce que fut sa vie d’avant : nom, prénom, situation, localisation, comportements d’achats, options de vote ou d’abstention, navigation et mouvements absorbés en télésurveillance… Faits, gestes et opinions répertoriés et mis en chiffres, en icônes indiscutables de son identité. Vous saurez tout. Mais que faites-vous en faisant cela, sinon échouer à la rendre à elle-même? Et vous, votre vie s’écrit-elle seulement en données apposées?...»

une photo volée après la lecture, un peu gênée d'être seule à le faire, mais voulais.
Une salle, un écran, une chaise et un ordinateur à gauche, une sculpture en papier de Stéphane à droite, Stéphane aux commandes des vidéos qui se superposent, s'effacent, s'ouvrent, des images de nature avec chants d'oiseaux ou Juliette parlant sans son, et puis surtout sa silhouette vêtue ou non et des graphiques, des images en 3D.. Juliette qui vient, se tient debout, bouge légèrement, dit la partie thèse, théorème, petites constatations, affirmations non sans humour, Cécile assise dans une fenêtre sur le côté qui dit l'intérieur, ce que pense la femme. Assez vertigineux.
Comme, ensuite, les deux vidéos «en bonus», un texte très abouti de Cécile sur la reconnaissance faciale et la version augmentée, modifiée, de la disparition, travail en commun avec Pierre Ménard.
Difficile d'en parler mais un site est en projet.
Vu dans l'assistance quelques têtes d'avignonnais connus plus ou moins, avec parfois surprise – félicité et embrassé les dames, félicité Stéphane (mérité oh combien !)

attendu taxi, peu de temps, et retour dans l'antre, le Rhône est très beau la nuit.

10 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Elle restera présente, ici, là, ou au bord du Rhône.

Michel Benoit a dit…

Le Yi King dit : Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

Anonyme a dit…

D'abord ce Michaux, toujours émouvant. « Il est beaucoup plus difficile de consentir à faire de soi un clown qu'à devenir un roi », écrivaient à propos de ce poème Camilla Gjorven & Pierre Grouix. Puis suivra Juliette, « lisant et jouant ce personnage de l’Etant donnée, et donnant si simplement, si gracieusement corps à cette idée que, malgré tous les dispositifs de captation d’attention et d’image, la présence est mais ne se capture pas ». Une suite cohérente de deux poésies d'une belle imagerie et d'une grande profondeur d'esprit.
Pierre Chantelois (commentaire détruit par mégarde - était en double, mon effacement fut excessif)

arlette a dit…

Suivre les méandres de ta pensée s'en faire sienne pour un tas d'autres choses ...
Suivre tes pas et les écoutes et surtout ce rétablissement pragmatique du quotidien et réfléchir longtemps après avoir tourné l'écran comme on tourne une page
J'aime

Pierre R. Chantelois a dit…

Merci Brigitte. :-)

Pierre R. Chantelois

Brigetoun a dit…

n'empêche curieux de se surprendre à penser à Maryse au présent, et pensées surtout pour son amie maintenant en l'espérant soutenue

jeandler a dit…

Une corde se brise
longtemps les harmoniques sonnent dans l'air du soir.

andree wizem a dit…

Bonjour Brigitte
J'ai découvert le "Semenoir" de Maryse Hache par Poezibao et ne l'ai plus quitté attentive à la musique au temps présent.
J'en ai eu des échos multiples par votre pages.
Bien amicalement.

cf a dit…

mr rci

Brigetoun a dit…

Claude touchée et honorée de votre passage - merci